Tout près de Piraillan
Ici, les nuages sont d'autres oiseaux
l'océan laisse une traîne derrière lui
bijoux de sable et de sel tissés ensemble
nous marchons sur les plaque séchées par le soleil
elles se brisent sous nos pas
la sensation est nouvelle pour moi
J'étais là-bas à l'océan
avec l'homme
avec nous : sa fêlure
Quelquefois il la tenait bien haut
légère au-dessus de nos têtes
D'autrefois elle lui écrasait les vertèbres
le forçait à ramper sur le sol
tel un lézard tout nu.
c'était un homme jeune au regard débordant de mélancolie
cela peut faire peur
mais c'est aussi beau, parfois, la mélancolie
un enfant perdu aux joues sombres
mangées par une barbe naissante.
Il m'emmena dans la maison.
le vieux poêle à bois chauffait les murs
commençait le rituel des arrivées
Nettoyer, remettre à flots l'édifice
lui redonner vie puis l'eau et l'électricité
Ici l'air est embaumé par les pins et les marées
L'océan est une présence constante
Belle vieille maison que j'aimais
C'était vers Lège Cap Ferret
Nous partions manger des glaces à bicyclette
L'enfant poussait dans mon ventre
doucement balancé comme dans un hamac
C'était doux et joyeux
je n'ai pas vu venir l'orage.